La matinée avait été propice à des trouvailles qui n’étaient pas négligeables. Et le début d’après-midi marquait la rencontre avec une autre survivante. Voir quelqu’un de vivant, c’était devenu si rare de nos jours, que Hunter ne risquait pas de l’oublier. Son frère avait cependant besoin de se reposer, alors c’était seul qu’il était parti en cette fin d’après-midi, pour fouiller quelques habitations. Il avait marché durant de longues minutes, peut-être même des heures. Plongé dans ses pensées, il se demandait encore pourquoi sa route n’avait malencontreusement pas croisée celle de son père. Pourquoi avait-il cette désagréable impression qu’ils n’étaient pas bien loin l’un de l’autre, mais sans jamais parvenir à se tomber dessus ? Au moins, il avait le sentiment qu’il était encore vivant, s’accrochant maintenant à l’idée que lorsque quelqu’un que l’on aime meurt, on le ressent forcément.

Les mains plongées dans les poches de son jean, le soleil lui donnait l’impression d’envoyer des rayons de plomb, tellement il avait du mal à avancer. C’était comme s’il pouvait faire n’importe quoi, que sa vitesse était réduite de moitié. Pourtant, il avait la chance de pouvoir avaler un peu d’eau de temps en temps. C’est qu’il avait eu raison d’entrer dans cette baraque mine de rien. Et son frangin qui le prenait pour un taré hein.

Dans Atlanta, Hunter évitait un maximum les grands axes. Ce serait se jeter dans la gueule du loup et franchement, il n’a pas pour ambition de terminer en pâté pour zombies affamés. Il passait donc par les rues un peu plus étroites, mais toutefois moins fréquentées. Par contre, pour se barrer, c’était autre chose. Les issues étaient aussi peu nombreuses que les ruelles étaient sinueuses. Une chance qu’il soit plutôt sportif et qu’il ait prit l’habitude de grimper partout pour filer. Enfin quand c’est possible de le faire. Parce qu’escalader une façade glissante sans aucune prise, c’est mission impossible.

Il cherchait à rejoindre une petite épicerie dans une rue un peu plus exposée. Il lui fallait s’avancer et prendre ses repères pour éviter d’avoir à faire face à une horde. Dos contre un mur, il jetait quelques coups d’oeil. Jusqu’à présent, il ne savait pas trop comment fonctionnaient les revenants. Sentaient-ils la présence des vivants ? Ou bien se contentaient-ils de se diriger par les bruits ? C’était une bonne question, parce que justement, il y avait des traines la patte qui se rapprochaient d’une camionnette. Leurs démarches, leurs grognements et leurs gueules en décomposition, il n’y avait aucun doute de possible.

Le temps qu’il se dirige de ce côté-ci, Hunter observait déjà les alentours, pour voir si le passage jusqu’à l’épicerie était libre. Mais un truc l’intrigua. Si ces connards de rôdeurs se rendaient dans la direction de la camionnette, c’est qu’ils devaient être attirés par un truc. Peut-être un futur mort qui a des armes sur lui ?

Si l’adolescent se rapprochait, c’était seulement avec cette idée en tête. De toute façon, si la personne en question a déjà été mordue, c’est pas la peine de tenter de l’aider, elle est condamnée. Autant attendre que les marcheurs se cassent pour récolter les armes et éventuellement lui piquer le restant de ses vivres.

Il se rapprochait lentement, mais sûrement. Quelque chose semblait les intéresser sous la camionnette. Et ça serait con que quelqu’un y ait trouvé refuge. D’ailleurs, en voyant que les morts tentaient déjà de se baisser, il n’y avait plus aucun doute sur la présence d’un vivant dans le coin. Arme au poing, Hunter ne pouvait pas gaspiller ses dernières munitions bêtement. C’est pourquoi, il attrapa son fusil par le canon et balança un coup de crosse dans la tête du rôdeur qui le remarqua le premier. L’ennemi se rétama parterre, mais pas pour longtemps et il y en avait encore d’autres. Alors l’adolescent frappa un coup contre la camionnette, ne sachant pas qui s’y cachait pour autant.

« Si tu reste là-dessous, tu vas te faire bouffer. Par contre, si t'es déjà crevé, bah restes-y. »

Dans la foulée, il dégomma un autre revenant de la même façon, en lui balançant un coup de crosse en pleine tronche. Il faudra qu’il se rappelle de ne pas tenir le fusil par ce côté avant de l’avoir nettoyer, d’ailleurs.