Les derniers jours avaient été éprouvant pour Noah. Trois jours qu'il avait découvert que le centre de refuge était une belle arnaque. Trois jours qu'il avait compris qu'il ne retrouverait plus jamais sa femme et son fils. Trois jours où il avait hésité à plusieurs reprises à se donner la mort. Après tout, à quoi bon lutter s'il n'y a plus de but à atteindre ? Heureusement, dame destin ne l'avait pas abandonné à la mort. Du moins pas encore. Au lieu de cela, elle avait amené une jeune femme du nom de Roxy à sa rencontre. Cette dernière, au caractère bien trempé, le bouscula dans ses retranchements et l'obligea à la suivre. Sans vraiment de goût pour la vie qui l'attendait, mais comprenant que s'il ne s’exécutait pas il aurait la mort de cette fille sur la conscience, Noah lui emboîta le pas pour un refuge de fortune...

C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent dans un ancien magasin de sport où ils avaient entré par le toit. Par chance, la grille de sécurité de la devanture était encore intacte, leur offrant une sécurité plutôt rassurante. Après avoir récupéré dans les rayons des sacs de couchage, Noah s'emmitoufla à l'intérieur sans prononcer le moindre mot et tomba dans un semi coma qui dura pas loin de dix huit heures. Le pauvre était sous le choc. Et si Roxy ne l'avait pas forcé à boire et à manger, il aurait sans doute dépéri en ce lieu. Les jours passèrent. La douleur persista. Mais l'ancien ambulancier fit l'effort de vivre avec. Il le devait à sa sauveuse mais aussi à sa femme et à son fils qui devaient l'observer de là haut. Enfin, si dieu existait vraiment....

C'est au bout du deuxième jours que les deux individus apprirent vraiment à se connaître au travers d'une discussion qui dura jusqu'à pas d'heure. Ce fut d'ailleurs les paupières trop lourdes des survivants qui les poussa à aller se coucher sinon ils auraient pu parler toute la nuit. C'était tellement bon de pouvoir échanger de nouveau librement avec un autre individu. La nuit débuta avec un peu de baume au cœur... Mais la nuit n'allait pas être bien longue cette fois.

Un bruit extirpa Noah de son sommeil alors qu'il faisait un rêve si agréable. Le temps qu'il émerge et qu'il s'interroge sur ce que c'était que cette fois le bruit retentit de nouveau et put être identifié : Un coup de feu. Cherchant du regard Roxy, l'ambulancier eut la frayeur de ne pas la voir dans son sac de couchage. Était-ce elle ? Était-elle en danger ? Sans trop réfléchir, Noah ouvrit son sac de couchage, regroupa ses affaires et partit au pas de course afin de tenter de rejoindre la personne qui ne devait pas être dans une situation idéale. Il était presque sûr qu'il s'agissait de Roxy et il lui devait bien ça.

Noah put avancer sans complication sur plusieurs dizaines de mètres. Mais alors qu'il avait bifurquer sur une autre artère de la ville, il se plaqua en toute hâte contre un mur. Un groupe de rôdeur était entrain de passer par là, attirer par quelques choses à quelques mètres de là.

Plaqué contre le mur du bâtiment, Noah pouvait en sentir la fraîcheur. Son corps raidi par le stress de la situation, il n'essayait de ne faire plus qu'un avec ce qui l'entourait pour passer inaperçu aux yeux des bouffeurs de chair. Malheureusement, l'ancien urgentiste était entrain de les sous-estimer. Il était trop prêt, trop proche... Et il ne fallut que ce petit vent pour tout faire basculer. Pourtant ce n'était presque rien. Juste une volute qui s'était immiscée dans la rue où il s'était réfugié. Mais en caressant sa peau, son odeur glissa jusqu'aux narines excitées de ces créatures. L'une d'entre elles cessa alors son avancée comme interpellée par un doux parfum. Noah assista à la scène impuissant, écarquillant les yeux à mesure que le rôdeur détecta sa présence. Et ce qui devait arriver, arriva : Leur regard se croisa et le monstre lâcha un râle de désir.

Saleté d'enfoiré ! Pesta-t-il en sortant son couteau de chasse de sa ceinture.

Il devait agir au plus vite pour ne pas attirer davantage les rôdeurs aux alentours. Par chance, un nouveau coup de feu fut tiré non loin de là ce qui capta l'attention de tous. Sortant de la noirceur de sa cachette, Noah prit son courage à deux mains et dans une inspiration pleine de rage planta son couteau avec rage sur le sommet du crâne du rôdeur qui s'écroula instantanément dans les bras de l'ancien urgentiste. Il n'était bien gros mais mine de rien un poids mort n'était pas évident à porter. Il dut faire un nouvel effort pour ne pas se laisser emporter dans la chute et pousser le cadavre sur le côté.

A présent dans la rue, Noah était certes à découvert mais bénéficiait d'un meilleur champs de vision malgré l'heure encore très matinale de la journée. Les buildings de la ville imposaient encore des coins bien sombres qui n'aidaient pas forcément à bien voir les visages. Seules des silhouettes étaient perceptibles. Pourtant, le soleil du jour commençait son ascension et timidement débutait son offrande de lumière un peu orangée. Noah observa tout autour de lui et comprit que la situation était critique. Par pour lui... mais pour celui qui ne cessait d'éliminer les rôdeurs à coup de feu. Des tirs qui ne cessaient d'en ramener davantage.

Là, à une dizaine de mètres de lui, un homme s'était presque fait encerclé contre un mur par cinq ou six rôdeurs. Oui, malgré la faible clarté, il comprit que cette personne n'était pas Roxy mais un homme qu'il ne connaissait pas : un homme au vu de la carrure qui se mouvait face à l'ennemi. Malheureusement pour lui, la menace risquait de s'accentuer car le vacarme qu'il occasionnait depuis un moment avait fait apparaître un autre groupe de ces saletés à un coin de rue situait à une vingtaine de mètres de là. Il fallait agir et très vite....

Après une courte réflexion, Noah décida de courir dans sa direction afin de lui prêter main forte et de l'aider à fuir. A plusieurs reprises, on avait ça pour lui. Il était donc temps pour lui de rendre l'appareil... Après tout, sa femme et son fils certainement plus de ce monde, il devait se trouver une autre raison de survivre.

La lutte fut sans merci ne laissant de répits à aucun des aventuriers. Chacun se battait pour sa survie et celle des autres. Les autres qu'ils ne connaissaient pourtant pas. Ils étaient juste tous porté par le même sentiment qu'est l'humanité. Sauver son prochain restait un point d'honneur qu'ils avaient envie de respecter jusqu'à leur dernier souffle. Noah put bien entendre la voix d'une femme lui hurler d'escalader un bâtiment mais il n'en fit rien. Du rapide visuel qu'il avait pu avoir sur la situation, ils étaient à présent quatre pour affronter une dizaine de rôdeurs. Le combat devenait donc plus aisé pour le camps des vivants.

Amorçant son arrivée auprès de l'homme à la peau noir, Noah arma son épaule pour bousculer le premier rôdeur qui croisa son chemin. Le corps de ce dernier vola sur le sol en peinant à se relever. Cette arrivée surprise provoqua du mouvement dans la petite horde qui commença à se dissiper en voyant apparaître les trois autres potentiels repas autour d'eux. Un premier zombie s'approcha de l'ancien urgentiste. La jambe déchiqueté et la bouche béante emplie de plaie, il n'était pas joli à voir. Mais surmontant son dégoût, notre combattant eut la force de lui planter avec force sa lame sur le côté du crâne. Perdant alors le reste d'essence de vie qu'il détenait, le monstre s'écroula à ses pieds pour laisser apparaître derrière lui un autre zombie beaucoup plus vivace.

Tentant de l'agripper avec ses mains acérées, Noah du le combattre au corps à corps pour en sortir vainqueur. Tandis que les autres se battaient de leur côté, lui se retrouva très vite sur le sol dans un roulé boulé dangereux. Plusieurs fois, il échappa à une morsure funeste. Au final, après quelques secondes de lutte acharnée, il se retrouva à califourchon sur le bouffeur de chair et lui poignarda l'oeil droit. La vie s'échappa alors du monstre tandis que tout autour de l'ancien urgentiste, le calme commença à regagner l'endroit. L'affrontement prenait tout doucement fin. D'ailleurs le dernier rôdeur encore debout mourut de la main de l'homme qu'ils avaient secouru.

L'homme les remercia en se présentant sous le prénom de Morgan. L'une des femmes se présenta à son tour. Ernessa... Tandis que la dernière restait encore muette et dissimulait derrière la carrure imposante du secouru. Noah décida alors de se relever, dépoussiéra rapidement ses genoux salis par le combat et tandis leva une main vers les autres en prenant à son tour la parole.

Moi c'est Noah ! Une chance qu'on ait tous été là. A croire que c'est le destin qui...

Pourtant s'exprimant sur un ton enjoué, la gorge de Noah se serra pour ne plus lui permettre d'exprimer le moindre mot. Il fut brusquement envahi par une tornade d'émotion qui lui fit perdre pied. Son visage rougit tel un phare, son cœur s'emballa à tout rompre. Puis un torrent de larme s'échappa de son regard ému. Là, devant lui, se révéla la silhouette d'une personne qu'il n'espérait plus retrouver. Il sentit son corps trembler sous le choc de cette vision. Il n'y croyait pas et pourtant elle était bien là.

Re.. Reb... Rebecca ! Parvint-il à souffler avant de lâcher son arme et de courir vers sa femme pour la prendre dans ses bras.

Trop heureux de ces retrouvailles, il souleva cella qui faisait battre son cœur et l'emporta dans une valse amoureuse où il mêla baisers et caresses tendres. Il plongea de nouveau ses yeux dans les siens. Oui aucun doute, ça n'était pas un mauvais rêve.

Noah était dans sa bulle. Cet espoir de retrouver sa femme et son fils avait disparu de son cœur et pourtant le destin avait enfin voulu répondre positivement à ses prières. Toujours entrain de faire tournoyer sa femme, le dernier baiser posé sur ses lèvres, il la contemplait alors avec encore plus d'amour qu'il en avait avant tout cela. Cette épreuve de la vie lui avait prouvé que son cœur leur appartenait entièrement. D'ailleurs, il frissonna lorsque les mains de Rebecca se posèrent sur son torse. Seulement, ce qu'il pensait être au départ une marque d'affection se transforma vite en un geste de recul qui fit explosé la bulle paradisiaque dans laquelle il avait plongé. Sourcillant d'incompréhension, sa belle lui expliqua sur un ton embarrassé qu'elle n'était pas prête.

Répondant aussitôt aux attentes de sa femme, Noah se détacha d'elle en faisant un pas en arrière et en l'observant d'un air inquiet. Que se passait-il donc ? Ne partageait-elle pas ce même sentiment explosif pour leurs retrouvailles ? Et où était leur enfant ? Que leur était-il arrivé durant tout ce temps pour que ce qui devait être un instant magique se transforme en cauchemar aussi perturbant que l'apocalypse ?

Malheureusement, toutes ces questions n'allaient pas trouver réponse de suite puisque la situation n'allait pas s'arranger de si tôt. Les coups de feu allaient attiré de nouveaux rôdeurs et si chacun tenait à la vie, il allait vite falloir s'échapper de là. Rebecca fut la première à proposer de fuir la ville et avait même commencé à s'élancer sans attendre l'avis des autres. De plus en plus inquiet, Noah continuait de l'observer sans réussir à la reconnaître. Physiquement, c'était bien sa femme qui lui faisait face. Mais la personne qui manipulait son corps n'était plus celle qu'il avait épousé autrefois.

Par chance, Ernessa proposa une échappatoire plus aboutie. Elle connaissait un groupe au dehors d'Atlanta. C'était une occasion parfaite de rejoindre d'autres individus pour tenter de survivre ensemble. Morgan sembla emballer par l'idée en leur dévoilant qu'il cherchait justement quelqu'un qui avait peut-être rejoint ce groupe lui aussi. Quelques échanges d'informations se firent alors entre eux et alors que les premiers rôdeurs apparurent au bout de la rue, le quatuor décida de mettre les voiles vers cette fameuse destination.

J'ai juste besoin de récupérer quelqu'un au passage, indiqua Noah en suivant le cortège. Mais je vous expliquerais cela en allant car nous n'avons plus le temps à perdre.

Au pas de course, mené par Ernessa, le petit groupe se fraya un chemin au travers des artères de la ville de l'enfer. A plusieurs moments, Noah fut pris d'une envie de tenter de se rapprocher de nouveau de sa femme. Mais à chaque fois, il abandonna en voyant la mine fermée qu'elle affichait. Il avait du mal à comprendre. Toutefois, si elle avait besoin de temps, il lui en laisserait. Il espérait juste qu'elle briserait le silence assez tôt pour qu'ils puissent de nouveau évoluer à l'unisson.

Fin pour moi, merci les filles